jeudi 26 janvier 2012

Nicolas Sarkozy pense à l'après 2017...

En fait on avait mal interprété les confidences faites off à la presse par le Chef de l'Etat lors de son voyage officiel en Guyane française, il y a quelques jours. Durant les 3 heures d'entretien off, il confie aux journalistes présents que s'il perd, il arrêtera la politique, «complètement». «Vous ne me verrez plus. C’est la première fois de ma vie que je me retrouve en situation d’envisager la fin de ma carrière. Aujourd’hui, la question se pose."

Tout à chacun en a déduit fort logiquement que la fin de carrière dont parle Nicolas Sarkozy pourrait intervenir dès le 6 mai 2012, date du second tour de l'actuelle élection présidentielle.

Que Nenni !

Il n'en est rien, si l'on en croît les réponses formulées par Patrick Balkany à l'interview de Pascale Clark, ce jeudi 26 janvier, à 7 heures 51. Le député-maire de Levallois-Perret déclare en effet : " J'ai entendu Nicolas Sarkozy parler d'après la présidence, mais bien entendu, il parlait de 2017. Mais bien entendu, il y a toujours une vie après la présidence. C'est lui qui a souhaité que le mandat soit limité à deux mandats, c'est à dire, à 10 ans pour un Président. Dans 5 ans, c'est normal qu'il prenne un peu de champ."
 
http://www.franceinter.fr/emission-5-mn-avec-patrick-balkany

Pas facile de comprendre la pensée présidentielle dans le texte ! A quand, un Master en décryptage de la prose élyséenne dont Patrick Balkany serait le maître d'oeuvre ?

mercredi 25 janvier 2012

FIN DE REGNE

Patrick Rambaud a publié son cinquième tome de la chronique de Nicolas 1er (Editions Grasset), comme chaque mois de janvier, depuis 5 ans, à la manière d'un pasticheur dans la version Saint Simon qui narre à ses contemporains la vie de la Cour. Dans cet interview, sur France Inter, interrogée par Pascale Clark, il ne dit pas s'il rédigera un sixième tome, tant il veut se débarasser de son personnage. Degagez, Sire, fait-il dire à la foule rassemblée devant ce qui doit être la grille du Palais de l'Elysée, comme les Tunisiens révoltés avaient crié ce slogan pour se débarasser du dictacteur, Ben Ali, quelques mois plus tôt.



Patrick Rambaud par franceinter

A 3 mois jour pour jour du 1er tour de l'élection présidentielle, en ce 22 janvier 2012, le Président de la République s'apprête à nouveau à multiplier les initiatives politiques, sans doute pour faire oublier un bilan qui est contrasté et qui n'est pas satisfaisant. Nicolas Sarkozy qui, il y a 5 ans, avait fait croire à la rupture avec le chiraquisme dont il avait fait partie comme ministre de l'intérieur, n'est plus ce candidat dynamique qui promettait aux Français de "Travailler plus pour gagner plus", mais, cette-fois ci, il est le Président sortant qui doit convaincre les Français de le réélire.

3 critiques majeures peuvent être formulées à l'égard de Nicolas Sarkozy durant son quinquennat (2007-2012).

 1) Une régression du statut des étrangers en France.

L'étranger aura été perçu comme une menace plutôt que comme une chance. L'obsession sécuritaire aura conduit à lutter contre l'immigration clandestine à coup de reconduites à la frontière de façon à tenir les objectifs chiffrés de l'ordre de 30000 par an. Le fonctionnement des zones de rétention est critiquable au vu des exigences minimales en matière de droits de l'homme et seule l'intervention de certaines associations aura permis d'éviter des les expulsions marquées du sceau de l'injustice et de la séparation des familles.

L'expulsions des Roms condamnée par la Commission européenne, le Parlement européen et le juge français est à mettre sur le compte du discours de Grenoble et ses conséquences dans une optique strictement sécuritaire.

Le débat sur l'identité nationale restera dominé par un sentiment de malaise tant les préfets ont dû organiser ces réunions qui sans le dire visaient à s'interroger pour savoir si la religion musulmane dans ses fondements comme dans sa pratique était compatible avec les valeurs de la République.


Duflot : le débat sur l'identité nationale est... par Europe1fr

La volonté politique affichée par Claude Guéant, Ministre de l'intérieur, de réduire le nombre d''étudiants dans le cadre de l'immigration légale de façon que la France en accueille 180000 par an au  lieu de 20000 relève de la même logique, mais a des effets négatifs sur l'image de la France à l'étranger. Les étudiants hautement diplômés (Bac +5) se sont vus refuser l'accès au marché du travail et ont été contraints de rentrer dans leur pays d'origine suite à l'adoption d'une circulaire très critiquable qui n'aura été amendée que partiellement.

2)  Des revirements présidentiels.

Les changements de cap du Président de la République l'aura conduit à revenir sur plusieurs engagements.

Je n'en citerai que 3.

Le paquet fiscal emblème du début du quinquennat qui avait pour but de limiter le montant des impôts payés à 50%  et de développer le recours aux heures supplémentaires (l'application du slogan "travailler plus pour gagner plus") n'aura pas atteint son objectif, de sorte qu'il sera abandonné en fin de mandat conscient que ces cadeaux faits aux riches, Mme Liane Bettencourt recevant un chèque élevé du fisc, aura été un totem dont se sera emparé l'opposition pour fustiger une politique fiscale injuste.   



Paquet fiscal, le rapport qui flingue sarko par Rive-gauche

L'abandon de la taxe carbone au prétexte qu'une telle taxe devait être adoptée dans le cadre de l'Union européenne, alors qu'il n'existait pas de majorité au sein du Conseil aura été une grande déception. Elle s'ajoute à un Grenelle 2, dont le rapporteur à l'Assemblée Nationale était Serge Grouard, qui sous la pression des lobbies aura limité les intentions louables du Grenelle 1.

Le 26 avril 2007, le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, s'exprimait à propos de l'engagement militaire de la France en Afghanistant en ces termes : « "Il était certainement utile qu'on les envoie dans la mesure où il y avait un combat contre le terrorisme. Mais la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive" ». Un an plus tard, le 26 mars 2008, Nicolas Sarkozy a annoncé devant le parlement anglais l'envoi de 1000 soldats supplémentaires. Ce revirement s'explique par le choix stratégique de la France d'appartenir au commandement intégré de l'OTAN alors que le Général de Gaulle, au nom de l'indépendance nationale, s'en était désengagé en 1966. La mort tragique de 4 soldats français, il y a quelques jours, a conduit à penser que la France procéderait à un retrait anticipé de ses forces, c'est-à-dire, avant le 31 décembre 2014. Les dernières déclaration du Ministre des Affaires étrangères, ces dernières heures, laissent entendre que la France accomplira pleinement son rôle au sein de la coalition des forces de l'OTAN en y maintenant ses 3600 hommes.

3) L'appauvrissement économique de la France.

Si on regarde les indicateurs macroéconomiques observés, en 2007 et en 2011,ont obtient les résultats suivants :

En 2007, le taux de chômage était de 1,6% en 2007 (Source Eurostat : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-16012008-AP/FR/2-16012008-AP-FR.PDF) et de 2,1% en 2011 (INSEE :  http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-16012008-AP/FR/2-16012008-AP-FR.PDF)%20et de 2,7% en novembre et décembre 2011, soit une hausse de 1,1%.

En 2007, le taux de chômage atteignait 8,1% au deuxième trimestre 2007 a baissé pour se situer à 7;2% au premier et deuxième trimestre 2008 avant de d'augmenter à nouveau inexorablement. En décembre 2011, ils étaient 2 844 800 sans activité fin novembre (+ 1,1 % sur un mois, + 5,2 % en un an) en France métropolitaine. En incluant les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite, 4 244 800 personnes étaient en quête de travail (+ 1,2 % sur un mois, + 5,6 % sur un an) - 4 510 500 avec les départements d'Outre-mer -, un nombre qui pourrait encore augmenter dans les mois à venir. C'est le pire résultat depuis novembre 1999 où on dénombrait 2 849 000 demandeurs d'emploi.


Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, faisait part de son désir de parvenir à atteindre un taux de chômage de 5%. Si celui-ci était de 10%, il reconnaissait que cela constituerait un échec, et il invitait les Français à en tirer les conséquences, comme le montre cette vidéo où il répond aux questions posées par la journaliste de France 2, à l'époque, Arlette Chabot.




Sarkozy en 2007 : si j'échoue sur le chômage... par nadysarko


Le taux d'endettement public a constitué la principale dérive financière du mandat de Nicolas Sarkozy. En effet, alors qu'en 2007, il se situait à 64,2% du PIB (Produit Intérieur Brut). Selon l'INSEE, "A la fin du troisième trimestre 2011, la dette publique de Maastricht s’établit à 1688,9 Md€, en diminution de 3,6 Md€ par rapport au trimestre précédent. Exprimée en pourcentage du PIB, elle se situe approximativement à 85,3%, en diminution de 0,9 point par rapport au trimestre précédent. En revanche, la dette nette progresse de 27,4 Md€." (http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=40).

La crise financière de 2008 n'explique pas la totalité de cette accroissement de l'endettement public qui est très supérieur au taux de 60% du PIB qui est l'un des critères de Maastricht, critère à remplir pour appartenir à la zone euro.

Le remboursement des intérêts de la dette qui représente le deuxième poste du budget de la France a pesé sur le déficit budgétaire.

De fait en 2007, le déficit public se situait à 50,3 milliards d'€, soit -2,7% du PIB; contre -5,5% en 2011, représentant 90,80 milliards d'€, selon une déclaration de Valérie Pécresse, Ministre du Budget, des Comptes publics, de la Réforme de l'Etat et Porte-Parole du Gouvernement  du 24 janvier 2012 (http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20120124trib000680103/le-deficit-public-francais-en-2011-probablement-inferieur-a-55-du-pib.html). On est donc en présence d'un doublement en pourcentage du PIB du déficit budgétaire et d'un quasi- doublement nominativement.


Il y aura eu des succès durant ce quinquennat (l'autonomie des universités, la résolution de la crise financière et la présidence française de l'Union Européenne, ou la guerre en Libye), mais malheureusement, ils ne ressortent pas nettement en raison d'une image brouillée du Président de la République qui aura souvent confondu vitesse et précipitation et aura cherché à rebondir en permanence en multipliant les initiatives, dont certaines auront été abandonnées ou peu, ou pas suivies d'effet. Rien de pire que d'inspirer cette image de Président brouillon qui au fil de ses déclarations est devenu inaudible vis-à-vis d'une grande partie des Français confrontés aux difficultés du quotidien comme jamais (hausse du prix de l'essence à la pompe, pertes d'emploi, resserrement du crédit par les banques, accès au logement rendu plus difficile...).

Cette atmosphère de fin de règne se ressent en observant les ministres du Gouvernement de François FIllon. Le Premier ministre, lui-même étant désigné comme candidat de l'UMP pour devenir député de Paris dans une circonscription des beaux quartiers de la capitale, Claude Guéant prenant le même chemin en direction de Boulogne-Billancourt, tandis que lors des élections sénatoriales, Chantal Jouanno, Ministre des Sports, avait fait le choix de la Chambre Haute, élue pour un mandat de 6 ans sous les lambris dorés du Palais du Luxembourg.

dimanche 8 janvier 2012

QUAND NICOLAS SARKOZY INSTRUMENTE L'UNION EUROPEENNE A DES FINS ELECTORALES.


Lors de ses voeux télévisés aux Français le 31 décembre 2011, à 20 heures, Nicolas Sarkozy déclarait : «il faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu'elle a provoqués... La taxe sur les transactions financières doit être mise en oeuvre». Selon les déclarations de Benoît Apparu, Secrétaire d'Etat au Logement, ce dimanche 8 janvier 2012, un projet de loi devrait être déposé en février prochain.


La France décidée à créer une taxe sur les... par BFMTV

Il ne s'agit pas ici de discuter du bien-fondé de cette proposition sarkozyste, mais de voir que la France décide de faire cavalier seul sans attendre que ses partenaires européens soient prêts, ni que la Commission européenne ait le temps de déposer une proposition de texte qui devrait aboutir à la mise en place de cette nouvelle taxe en 2014.

Outre que si cette initiative aboutissait, elle déstabiliserait la place financière française qui verrait les capitaux fuir vers des cieux fiscaux plus cléments, et que ce genre de décision n'a de sens qu'adoptée par les 17 pays de la zone euro pour précisément éviter tout dumping fiscal, elle est la marque d'une instrumentalisation de l'Union européenne "à rebours."

Si on s'en souvient, j'ai consacré ici un article concernant l'abandon de la taxe ...carbone. Quel était l'argument invoqué par la France pour ne pas mettre en oeuvre cette promesse électorale de 2007 du candidat Nicolas Sarkozy ? Tout simplement, qu'une telle taxe carbone devait être adoptée au niveau de l'Union européenne pour produire ses effets.

Dans le cas de la taxe sur les transactions financières, c'est une pseudo urgence, à des fins électorales, qui justifie un tel empressement, au risque de contrarier nos partenaires européens, Allemagne en tête, qui affirme qu'une telle réglementation relève de la compétence de l'Union européenne dans le cadre de ses procédures. Dans le cas de l'abandon de la taxe carbone, le recours au niveau européen était un prétexte, puisqu'il n'existait pas de majorité au sein de l'Union européenne en faveur d'une telle taxe écologique.

Nous verrons si malgré sa détermination affichée, Nicolas Sarkozy reculera. Cela ne serait pas la première fois, en matière européenne. Qu'on se souvienne du lancement en fanfare, au début de son quinquennat, de l'Union Pour la Méditerranée (UPM), oubliant nos partenaires allemands qui rattrapèrent le projet et rappelèrent qu'il existait déjà le processus de Barcelone, mis en place en 1995, qui remplissait ce rôle. Le projet d'UPM fut conçu comme une offre de l'Union européenne et Nicolas Sarkozy rentra dans le rang ... européen.

A propos du lancement de l'UPM, dans cette vidéo, Dorothée Schmid, chercheuse à l'IFRI (Institut Français des Relations Internationales), explique clairement les ambitions françaises.



Union méditerranéenne - Dorothée Schmid (1) par www-touteleurope-eu

Elle décrit également, parfaitement, les réactions de nos partenaires européens et méditerranéens à ce projet politique.




Union méditerranéenne - Dorothée Schmid (2) par www-touteleurope-eu