dimanche 13 novembre 2016

Les Echecs selon Olivier Carré, Député-Maire d'Orléans et quelques autres considérations générales sur le noble jeu


Olivier Carré, Député-Maire d'Orléans, sait-il jouer aux Echecs ? Connaît-il, le mat du Berger, le mat des Arabes, le mat du couloir ou le mat des épaulettes ? Peut-il définir, exemples à l'appui, sur un échiquier ce que sont : une déviation, une attraction, un clouage, une fourchette ou un échec double ? 

Ce qui est certain, c'est qu'Olivier Carré, Député-Maire d'Orléans ignore que les Echecs ne sont pas un loisir parmi d'autres, mais un sport. Personne ne lui a jamais dit parmi les élus en charge du dossier du sport à la ville d'Orléans, ni son adjoint chargé des Sports, Soufiane Sankhon, ni Yann Baillon, chargé du sport de haut niveau, ni Thomas Renault, en charge des clubs, équipements sportifs, jeunesse. 

Si les services de la ville d'Orléans avaient avisé le Maire de cette situation, il n'aurait pas commis l'erreur, lors de la fête des Associations de placer l'USO Echecs parmi les associations culturelles et de loisirs à deux pas du Musée des Beaux-Arts, alors que sa place est avec les associations sportives, au Campo Santo. Il est vrai que cela fait de nombreuses années que l'emplacement est le même tant l'habitude a été prise sans penser un seul instant qu'il puisse en être autrement. Il faut souhaiter que l'USO Echecs retrouve la place qui aurait du être la sienne depuis longtemps parmi les associations sportives lors de la prochaine manifestation. 

Olivier Carré doute t-il un seul instant que les Echecs soient un sport ?

Les Echecs sont un sport. 

Les Echecs répond au critères pour définir un sport et la FFE est une fédération sportive. 

1) Un sport doit comporter des  règles strictes, des compétitions régulières, et un effort physique. Tout le monde conviendra aisément que les échecs répondent aux deux premiers critères. C’est la soi-disant absence de dépense physique qui pose problème.Et si la discipline n'est pas une "activité physique" au sens propre du terme, l'endurance, la concentration, la réactivité et la technicité, que l'on retrouve dans toutes les disciplines sportives, sont, elles, bel et bien au rendez-vous. Malgré le calme qui se dégage des joueurs devant leur échiquier, les apparences sont trompeuses. "Le rythme cardiaque, notamment au moment crucial de la partie, correspond à celui des sports extrêmes. C'est une discipline qui engendre tellement d'adrénaline. Les joueurs d'échecs passent leur temps en silence, toutes les émotions sont comprimées. C'est une forme de concentration comparable à ces pratiques", explique Almira Skripchenko qui est également sextuple championne de France et championne d’Europe 2001. Des recherches scientifiques ont par ailleurs établi que le coeur d’un joueur d’échecs émettait jusqu’à 120 pulsations par minute pendant une partie

2) La Fédération Française des Échecs a été fondée le 19 mars 1921, sous le régime de la loi du 1er juillet 1901. Elle a pour but de favoriser, de contrôler et de diriger la pratique du jeu d'échecs en France et sur tout le territoire national français. Elle est reconnue fédération sportive depuis le 19 janvier 2000. Elle dispose de l'agrément jeunesse et éducation populaire. La Fédération Française des Échecs est la seule fédération nationale affiliée à la Fédération Internationale des Échecs(F.I.D.E.)dont elle fut membre fondateur à Paris, le 20 juillet 1924.

2. Encore peu développés à Orléans

L'USO Echecs, présidé par Jean Péniquaud, compte une centaine de Licenciés et son équipe phare évolue en Nationale 3 après avoir été en mesure de monter en Nationale 2 l'an dernier. http://www.us-orleans-echecs.fr/index_.html 

Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires depuis septembre 2014, obligatoirement, les communes mettent en oeuvre les TAP. A Orléans, certaines écoles accueillent un animateur rémunéré en partie par l'USO pour animer ces ateliers trimestriels. Un joueur expérimenté donne des cours pour préparer les équipes aux compétitions une fois par semaine. 

3. Ses apports pédagogiques sont indéniables.

Les apports pédagogiques du jeu d'Echecs ne sont plus à démontrer :


  • Les échecs développent l'esprit scientifique.
  • Ce jeu est motivant pour les élèves.
  • Le temps des parties est adapté au temps scolaire.
  • Ça les aide à se concentrer.
  • Le jeu et ses histoires de bataille fascinent les élèves.
  • Certains élèves ont repris confiance en eux.
  • C'est un projet "bon marché".
  • Le jeu les aide à développer leur mémoire et leur pensée logique.
  • Cela favorise l'imagination et la capacité à anticiper.
  • Les échecs leur enseignent l'indépendance et à vivre ensemble en respectant des règles communes.
  • Les élèves adorent ce cours, c'est un moment à la fois de détente et de réflexion intense
4. Les Echecs sont enseignés sur le temps scolaire comme une matière à part entière

La circulaire n° 5231 du  9/04/2015 organise le jeu d'Echecs à l'école. Le texte intégral :  http://www.enseignement.be/hosting/circulaires/upload/docs/FWB%20-%20Circulaire%205231%20(5462_20150409_112916).pdf

Contrairement, à d'autres communes, Orléans n'a jamais imaginé que l'on puisse enseigner ce sport que sont les Echecs dans le cadre scolaire, à raison, par exemple, d'une heure par semaine. Les Echecs sur le temps scolaire, soit comme matière obligatoire ou en option sont vivement encouragés par l'Education Nationale comme le montre cette fiche : http://eduscol.education.fr/experitheque/fiches/fiche9364.pdf A ce titre, cette discipline peut constituer un bon moyen de lutter ...contre l'échec scolaire ! 

5. Des villes s'engagent dans la promotion des Echecs

Ville pilote depuis 2013, Orsay poursuit l'enseignement des Echecs dans les écoles élémentaires ce qui représente  8 classes du CE2 au CM2 et concernent 153 écoliers. http://www.mairie-orsay.fr/jeu-echecs-ecole.html

La Ville de Carquefou (44470) a reçu le diplôme d'honneur 2012 pour son investissement et son soutien à la pratique du jeu d'Echecs. Un diplôme créé par le comité du jeu d'Echecs de Loire-Atlantique pour récompenser les municipalités qui aident les clubs. http://carquefou-echecs.fr/sites/default/files/Ouest_France_Carquefou_mars_2012.pdf

Le Maire du Blanc-Mesnil (93156), Thierry Meignen, au cours de l'année scolaire a engagé une partie majoritaire (seul contre tous) contre les 729 élèves du CP au CM2, à raison de 12 coups par semaine. http://www.blancmesnil.fr/lancement_des_echecs.html

On pourrait en citer d'autres encore.

Certaines villes parfois moins peuplées qu'Orléans ont organisé le Championnat de France d'Echecs qui se tient traditionnellement la deuxième semaine d'août et qui réunit environ 1000 joueuses et joueurs. Tel est le cas ces dernières années d'Agen (2016), Saint-Quentin (2015), Nîmes (2014), Nancy (2013), Pau (2012), Caen (2011), etc...


6. A l'échelle du Département. 
Par exemple, dans le Vaucluse, une convention cadre a été signée entre le DASEN et le président du CDJE84 en avril 2013. Elle permet aux écoles d’inclure une heure d’atelier jeu d’échecs hebdomadaire dans leur projet, soit 36h annuelle. En parallèle, Christian Bernard correspondant scolaires départemental et président du CDJE84 assure depuis 2 ans des stages pour les enseignants : « Apprendre à apprendre à jouer aux échecs », organisé dans le cadre institutionnel de la Direction académique de Vaucluse (Formation des professeurs des écoles, animation de circonscription).

7. Au niveau national.

Le championnat de France UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire) prend de plus en plus 
de place dans le paysage fédéral, signe d’un rapprochement concret entre notre fédération et le ministère de l’Éducation nationale.
Des sections UNSS échecs commencent à s’ouvrir dans les collèges et lycées.
Mais le fonctionnement de l’UNSS et de son championnat d’échecs sont encore mal connus. Le 2ème Championnat de France UNSS s'est déroulé du 6 au  8 juin 2016. En savoir plus:   
http://scolaires.ffechecs.fr/2e-Championnat-UNSS-des-colleges.html

8 Qui sera Champion du monde le 30 novembre prochain ? 


Actuellement, tous les regards se tournent vers New-York, non pas vers la Trump Tower, mais vers le South Street Seaport où du 11 au  30 novembre se tient le Championnat du monde d'Echecs entre le tenant du titre le Norvégien Magnus Carlsen (2853 points Elo) contre son Challenger, l'Urkrainien Sergey Karjakin (2772 points Elo) qui a des relents de guerre froide rappelant ce moment d'anthologie qu'a constitué le match entre  R.J. Fischer (EU) et B. Spassky (URSS), en 1972, à Reykjavik, dans la capitale Islandaise.  Les deux premières parties les 11 et 12 novembre se sont terminées par une partie nulle. Le suspens demeure entier. Pour l'instant Carlsen est tenu en échec par son rival venu de l'Est. Suivre cet événement mondial sauf en France où les médias généralistes n'en parlent pas sur le site d'Europe Echecs : http://www.europe-echecs.com/art/match-de-championnat-du-monde-6710.html

Le Championnat du Monde d'échecs à New York - Photo © site officiel
Vous voulez suivre les pas de Magnus Carlsen ? L'entraîneur québécois analyse trois parties de Carlsen dont la première lorsqu'il était âgé de 15 ans : http://chessmichel.com/?p=771

9. Un problème à résoudre. 


Ce problème ancien fut publié pendant des années en couverture des revues d'Echecs. Le meilleur joueur du 19ème siècle, Howard Staunton (1810-1874), n'hésita pas à le qualifier de plus beau problème du monde. 

Les Blancs jouent et font mat en un coup et un seul ! 



Solution lors d'un prochain article... 

dimanche 9 octobre 2016

BREXIT 2EME PARTIE : LE PRINTEMPS DE THERESA MAY

Suite à sa désignation le 13 juillet 2013 , le nouveau Premier Ministre britannique, Theresa May, a déclaré "Brexit means Brexit" douchant les espoirs de ceux qui espéraient un second référendum pour annuler celui du 23 juin. Mais la future nouvelle Premier ministre a annoncé qu'elle comptait bien être ferme dans les négociations avec l'Union européenne et faire du Brexit un succès.
A ce jour, retracer les nombreuses tergiversations du gouvernement britannique serait trop long, mais on peut résumer l'attitude suivie à travers les 3 informations suivantes. 

1. Le Brexit commencera fin mars 2017. 
Le dimanche 2 octobre 2016, la Première Ministre britannique Theresa May a annoncé que la Grande-Bretagne ferait jouer l'article 50 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union européenne qui lance le début d'organisation pour que le pays sorte de l'UE, "avant fin mars 2017". Corrélativement, a annoncé vouloir saisir au printemps 2017 le Parlement britannique pour abroger l'acte d'adhésion de son pays à l'Union européenne, dans un entretien au Sunday Times. 
Voir sa déclaration en vidéo : http://www.bbc.com/news/uk-politics-37532364?ns_mchannel=social&ns_campaign=bbc_breaking&ns_source=twitter&ns_linkname=news_central
Il est clair que la pression de ses ex 27 partenaires européens aura eu peu d'effet, si l'on considère que l'article 50 aurait du être déclenché immédiatement après le résultat du référendum du 13 juin 2016, c'est-à-dire, en septembre 2017, une fois le nouveau gouvernement formé, le précédent dirigé par David Cameron qui avait soutenu le "Oui" ne pouvant gérer les conséquences du "Non".  L'esprit de l'article 50 n'aura pas été respecté. Peut-être faudra t-il le modifier en ajoutant, par exemple, la mention "Dans un délai maximum de 3 mois" pour que le déclenchement de l'article 50 ne soit pas laissé à l'unique approbation du Gouvernement de l'Etat concerné.

2) Hard ou soft Brexit ?
 La première ministre britannique Theresa May a écarté l'idée de choisir entre un "hard Brexit» marquant la rupture avec le marché unique de l'Union européennen «soft Brexit», basé sur des concessions mutuelles. 
S'il est certain que la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE sera préjudiciable aux intérêts britanniques, du côté britannique, la négociation vise à obtenir les avantages précédents comme l'accès au marché unique tout en maîtrisant les flux migratoires, une revendication du Parti Conservateur de David Cameron. Vu de l'Union européenne, il s'agit de maintenir la libre circulation des ressortissants de 27 sur le territoire britannique. Comme l'Union l'a toujours répété: si le Royaume-Uni met fin à la libre circulation des Européens sur son territoire, il n'aura plus accès à son marché unique. Les défenseurs du Brexit «dur» - parmi lesquels les partisans d'UKIP sont prêts à placer la question migratoire au-dessus de l'accès au marché unique européen. Le bras de fer est entamé, mais la Grande-Bretagne a plus à perdre car il s'agit de défendre la place financière de Londres, première en Europe et la fuite des capitaux et la baisse de la Livre Sterling qui a déjà commencé.  Un rapport du cabinet de consultants Oliver Wyman publié mercredi assure que le secteur financier britannique pourrait perdre jusqu'à 43,2 milliards d'euros de revenus et 75.000 emplois en cas de Brexit «dur». En revanche, si Londres conserve l'accès à l'Espace économique européen (EEE) dans des conditions identiques à ce qu'elles sont actuellement, les pertes d'emplois pourraient se limiter à 4000.
Il est vraisemblable que l'accord qui sera trouvé sera "ad hoc", c'est-à-dire, propre à la Grande-Bretagne dans sa relation à l'UE, même s'il empruntera aux formes d'associations déjà connues comme l'AELE (Association Européenne de Libre Echange) et l'EEE (L'Espace Economique Européen).

3) Un nouveau départ pour l'UE à 27? 
Le départ de l'UE de la GB interroge la relation nouvelle entre les 27. Tel était l'objet du Conseil européen de Bratislava des 16-17 septembre 2017. Le premier Sommet européen, sans la Grande-Bretagne, à 27 Etats-Membres. 
Qu'en est-il sorti ?  La protection des frontières extérieures, lutte contre le terrorisme et relance de la défense étaient au cœur des discussions, lors du sommet de l'Union européenne, à Bratislava. 
 LPolonais Donald Tusk, Président du Conseil européen, a insisté sur la priorité absolue d’une maîtrise « totale » des frontières de l’Union pour revenir à un fonctionnement normal de l’espace Schengen de libre-circulation.

Afin de lutter contre le terrorisme, il s'agit de mieux coopérer entre Etats-membres dans le domaine du renseignement et d'interconnecter les fichiers de façon à mieux contrôler les entrées et sorties des personnes sur le territoire de l'UE. 
Dans le domaine de la Défense, la Commission européenne propose notamment des "ressources militaires communes", "un quartier général unique" et la création "avant la fin de l'année" d'un fonds européen pour stimuler la recherche et l'innovation dans l'industrie de la défense. Jusqu'à présent, il n'y a pas d'état-major opérationnel, mais seulement un comité militaire des 28. Le départ du Royaume-Uni, qui a toujours privilégié l’Otan, offre une chance d’avancer sur ce thème, ont souligné des sources diplomatiques, dans un contexte où l’Europe est cernée par les crises, les guerres et le terrorisme. 
Il reste que les divisions européennes demeurent sur des sujets comme l'accueil et la répartition des réfugiés par les 27 ou la réforme du statut des travailleurs détachés synonyme de dumping social. 

Voir le texte intégral de la Déclaration de Bratislava :  file:///C:/Documents%20and%20Settings/deloire/Mes%20documents/Downloads/160916-bratislava-declaration-and-roadmap-fr%20(3).pdf 

Conclusion provisoire.
Il faudra attendre le Sommet de Rome en mars 2017 à l'occasion des 60 ans du traité fondateur de la construction européenne, pour que les grandes décisions soient adoptées. 
Vu son agenda, il n'y aura pas de Printemps pour Theresa May, mais un Printemps avec des bourgeons est attendu pour l'UE à 27 rénovée. 

lundi 27 juin 2016

AU LENDEMAIN DU BREXIT. 1ERE PARTIE : LES CAUSES

Le jeudi 23 juin 2016 restera un jour historique dans l'histoire de la construction européenne. Ce jour-là, par référendum, une majorité de Britanniques (51,8% contre 48,2%) a décidé qu'il était opportun que leur pays quitte l'Union européenne.  

1. Un échec pour David Cameron, Premier Ministre Britannique.

David Cameron jouait la survie de son cabinet sur ce référendum qu'il avait provoqué. Il s'agissait de couper l'herbe sous les pieds de l'UKIP, le parti indépendantiste britannique, rejoint pas les électeurs conservateurs. Pour cela, le Premier Ministre britannique avait fait un pari. Obtenir un compromis politique des 27 sur une série de  questions afin d'accentuer le particularisme britannique déjà très développé depuis son adhésion et ainsi affirmer qu'il n'était pas nécessaire de jeter le bébé avec l'eau du bain en quittant l'Union européenne. 

1.1. L'accord du 20 février 2016 .



Il porte sur 4 les points suivants :


● Modification des traités européens

Deux éléments de l'accord doivent être inscrits dans des modifications à venir des traités européens:
- Le Royaume-Uni sera exempté de l'objectif d'une poursuite de l'intégration politique dans le cadre de l'engagement des traités européens envers une «union sans cesse plus étroite» des peuples d'Europe.
- Les éléments d'un accord pour assurer un traitement équitable des accords économiques et financiers entre les États de la zone euro et ceux qui n'en font pas partie.

● Avantages sociaux pour les salariés

Le Royaume-Uni aura le droit de ne pas accorder les avantages liés au statut de salarié aux nouveaux arrivants sur son sol d'autres États de l'UE pour leurs quatre premières années dans le pays. Le Royaume-Uni pourra mettre en œuvre un mécanisme de «frein d'urgence» pour les nouveaux arrivés durant une période de sept ans à partir du moment où la mesure aura été utilisée une première fois.

● Avantages liés aux enfants

Un système d'indexation concernant toute l'UE en matière de versement des allocations familiales aux salariés dont les enfants vivent dans un autre État membre entre en vigueur immédiatement pour les nouveaux demandeurs et le 1er janvier 2020 pour tous les allocataires.

● Finances

Le projet met l'accent sur la nécessité de faire «jeu égal» en matière de régulation financière et bancaire. Il donne le droit à la Grande-Bretagne de superviser les établissements financiers et les marchés pour préserver la stabilité financière. Ceci «sans préjudice» au droit de l'Union européenne d'agir pour protéger la stabilité financière.
1.2. Jugé insuffisant par les Opposants
Ainsi, l'accord obtenu le 20 février 2016 lui a permis d'obtenir, notamment, des restrictions sur l'accès au système d'aides sociales par les migrants intra-européens. L'Europe à la carte tenant compte des spécificités britanniques devait tenir de viatique. 

C'est que le thème dont se sont emparés les partisans du Brexit aura été l'immigration européenne. Il est loin le temps ou en 2004, au lendemain de l'adhésion des 10 Nouveaux Etats membres, la Grande-Bretagne était un des rares pays parmi les 15 à ouvrir son marché du travail ne craignant pas la venue du "plombier polonais". Une décennie plus tard, la G.B veut contrôler ses frontières alors que les travailleurs polonais ont contribué à la richesse de l'économie anglaise, en cotisant, en consommant, en investissant.  

Les chiffres sont éclairants. Selon CNN, 50,5% des migrants arrivant en Grande-Bretagne sont extérieurs à l’UE et sont originaires des Etats-Unis, du Canada, d’Inde, du Pakistan, d’Australie... Le reste, 49,5% viennent effectivement de pays membres de l’Union européenne. En 2015, selon l’Office for National Statistics (ONS), l’Insee de sa Majesté, 333.000 travailleurs étrangers sont arrivés en Grande-Bretagne. Au demeurant, «Sur les 63 millions d'habitants du pays, on compte cinq millions d’étrangers venus du monde entier et trois millions venus de l'Union européenne. Parmi eux, beaucoup de Polonais», observe le correspondant de France 2 à Londres, Loïc de la Mornais. On parle ainsi de 600.000 Polonais ayant franchi la Manche. D’une manière générale, «la grande majorité» des citoyens de l’UE en Grande-Bretagne vient des pays de l’ancien bloc communiste : Pologne, mais aussi Etats baltes, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie... On trouve aussi beaucoup de Français : le chiffre de 300.000 de nos c. Elles montrent ainsi que les Européens sont ceux qui travaillent le plus : 78% d’entre eux ont un emploi, contre 74% des Britanniques. Et ils ne touchent que 2,2% des allocations chômage contre 7,7% des personnes venues du reste du monde. «Il est prouvé que l’impact économique de l’immigration venue de l’UE (comme la pression sur le marché du travail, les finances publiques ou les services publics britanniques) est relativement faible», commente l’universitaire d’Oxford Madeleine Sumption, cité par le Guardian.ompatriotes installés en Grande-Bretagne est fréquemment cité. Selon les statistiques, 




Les fantasmes l'auront emporté sur les réalités, alors même que la politique migratoire n'est pas stricto sensu une politique intégrée de l'UE, mais une politique intergouvernementale sur certains aspects.  Nigel Farage, député européen et leader du parti europhobe Ukip. aura posé une affiche désignant un flot de migrants. Avec comme slogan : «Le point de rupture : l’UE n’a pas tenu ses engagements vis-à-vis de nous. Nous devons nous libérer de l’Europe et reprendre contrôle de nos frontières». Sous-entendu vis-à-vis des hordes de migrants-envahisseurs.








 Paradoxalement, la décision d'Angela Merkek d'accueillir un million de réfugiés en Allemagne, puis de stopper cette immigration en raison des difficultés pour y organiser leur séjour, notamment, en Bavière, aura sensibilisé l'Anglais de la rue à ce que signifie être un pays d'immigration, convaincu que l'Islam n'est pas soluble dans la démocratie libérale.  


2. Bruxelles, perçu comme un pouvoir autocratique, méprisant et ignorant des attentes du peuple.

Comme à propos de ses frontières, il s'agit pour les partisans du Brexit de permettre à la Grande-Bretagne de retrouver la souveraineté. L’UE dispose de bien trop de pouvoirs. Les lois européennes priment les lois locales, tout comme la plupart des décisions de la justice européenne. Le Royaume-Uni ne peut pas signer des accords commerciaux de manière indépendante puisque ces derniers doivent intégrer l’ensemble des pays de l’UE. Sortir de l’UE lui permettrait de retrouver son autonomie et de reprendre en main sa destinée
Bruxelles impose trop de régulations et de paperasse, avec un coût pour l'économie. Selon une étude de Open Europe, le coût des 100 régulations les plus contraignantes s'élève à 33,3 milliards de livres par an à la charge de la G.B. 

 Boris Johnson a créé et gonflé des dizaines d’euro-mythes. Le bus à deux étages risque d’être interdit! Nos chocolats n’ont pas assez de cacao et vont devoir s’appeler «vegelate»! Les enfants vont être interdits de distribuer les journaux! Sans oublier qu'il a affirmé que l'UE interdisait de vendre des régimes de bananes qui dépassent 3 unités. 

Lors de son débat, face au nouveau maire de Londres, le travailliste Sidiq Khan, Boris Johnson évoquait la nécessité de reprendre le contrôle de la démocratiek fondement de la prospérité, son contradicteur lui a objecté : " Boris, tu devrais avoir, près d'un demi-million d'emplois à Londres sont directement dépendants de l'UE". 


Selon Boris Johnson, ancien maire de Londres, Conservateur, qui n'a reculé devant aucune outrance durant cette campagne nauséabonde a affirmé sans rire : "L'histoire européenne est jalonnée de tentatives de retrouver l'âge d'or de la paix et de la prospérité de l'ère romaine. Napoléon, Hitler, plusieurs personnes ont essayé de le faire, et cela s'est terminé de manière tragique. L'Union européenne est une autre tentative avec des méthodes différentes." Ce genre d'arguments diffamatoires pour l'UE est facile à réfuter. L'UE n'a jamais envisagé de conquérir par la guerre et certainement de faire de la discrimination raciale un élément fondateur de sa politique


3. La contribution britannique au budget de l'UE ou "I want my money back".


Autre argument des partisans du Brexit. Après la souveraineté des frontières et législative récupérer la souveraineté budgétaire en cessant de payer sa contribution au budget de l'UE ce d'autant que la Grande-Bretagne est contributeur net, c'est-à-dire, qu'elle paie plus qu'elle ne reçoit. 


En 2014, le Royaume-Uni versait 18 milliards d’euros au budget de l’UE ce qui représente 9,77% du budget de l'UE. Il est le 4ème contributeur au budget de l'UE en valeur absolue derrière l'Allemagne, la France et l'Italie. Cela représente selon Boris Johnson 350 millions de livres par semaine, ce qui est exact. 

La Grande-Bretagne dispose d'un reversement communautaire de l'ordre de 4 milliards d'€ payé par an, obtenu depuis 1984, lors du Sommet de Fontainebleau, par Margaret Thatcher, Premier Ministre, payé par les 27 dont la France est le premier contributeur à hauteur d'1,6 milliard d'€. 

Donc, la GB verse un solde net de l'ordre de 14 milliards d'€ par an. 

En échange, en 2014,  la Grande-Bretagne était le 7ème pays bénéficiaire de l'UE et recevait 6,570 milliards d'€. En conséquence, la GB perd environ 7 milliards d'€ par an par rapport à ce qu'elle verse. 

Cette situation s'explique par la situation spécifique de la GB qui bénéficie peu de la PAC qui a été longtemps la principale politique commune de l'UE et est surtout bénéficiaire d'aides régionales, le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) ayant été créé à sa demande en 1975 afin d'aider à reconvertir les régions en déclin industriel. 

D'une manière générale, il faut bien comprendre que la situation budgétaire des Etats-membres varie dans le temps. La France jusqu'en 1970 a été un pays qui bénéficiait des transferts européens (la PAC) avant de manifester sa solidarité  à l'égard des nouveaux pays qui étaient pauvres (Espagne et Portugal en 1986) et les 10 nouveaux Etats-membres le 1er mai 2004 ( en 1995 la Suéde, Finlande et Autriche présentaient un solde budgétaire net versant plus qu'ils ne recevaient). 

Le budget de l'UE n'est pas un système où l'on vient pour gagner de l'argent, mais pour développer les pays en retard de développement grâce aux transferts financiers payés par les pays les plus riches dans l'intérêt de l'UE dans son ensemble. 

 Les Européens ont accordé vendredi 7 novembre à la Grande Bretagne la possibilité de différer après les élections générales de mai 2015 le paiement d'une rallonge de 2,1 milliards d'euros au budget européen pour 2014.

Conclusion provisoire. 

En définitive, le 23 juin 2016, les Britanniques qui ont participé au référendum ont procédé à un vaste exercice de psychanalyse consistant à savoir quelles relations ils entretiennent avec le monde, l'UE, et le sol anglais. Ce résultat est l'expression d'un peuple qui doute de lui-même se replie sur ses fondamentaux et choisi de devenu une île solitaire qui entend souverainement tisser ses nouveaux liens avec l'Union européenne. 

2ème partie. LES CONSEQUENCES DU BREXIT : ILLUSIONS ET REALITES. 

dimanche 5 juin 2016

VERS L'INTERDICTION DU PORT DU FOULARD ISLAMIQUE DANS LES 28 PAYS DE L'UNION EUROPEENNE

Dans l'affaire C-157-15, l'avocat général Mme Kokott conclut que l'interdiction de porter un foulard islamique en entreprise peut être licite (1).

La Cour de Justice de l'Union européenne aura prochainement à se prononcer sur le recours en interprétation (question préjudicielle) adressé par l'avocat de Mme Samira Achbita, licenciée par son entreprise belge pour avoir revendiqué le droit de porter le foulard islamique(2). Il  est demandé à la Cour de répondre à la question suivante : " L'article 2, paragraphe 2, sous a), de la directive 2078/CE du Conseil du 27 novembre 2000 portant création d'un cadre général en faveur de l'égalité de traitement en matière d'emploi et de travail doit-il être interprété en ce sens que l'interdiction de porter un foulard en tant que musulmane sur le lieu de travail ne constitue pas une discrimination directe lorsque la règle en vigueur chez l'employeur interdit à tous les travailleurs de porter sur le lieu de travail des signes extérieurs de convictions politiques, philosophiques ou religieuses ? "

Le 31 mai 2016, l'avocat général précité a répondu affirmativement à la question posée. 

Quels sont ses arguments ?

2 conditions

1 Un règlement intérieur dans l'entreprise  

Mme Kokott considère que l'on n'est pas en présence d'une discrimination de la salariée dès lors que cette interdiction de porter le foulard islamique, en l'occurrence, s'appuie sur un règlement général de l'entreprise prohibant les signes politiques, philosophiques ou religieux visibles sur les lieux du travail et ne repose pas sur des préjugés ou stéréotypes relatifs à une ou plusieurs religieux déterminées ou aux convictions en général.  

2. Une mesure de la part de l'employeur qui doit être proportionnée. 

Elle précise que cette discrimination peut être légitime dès lors que l'entreprise poursuit une politique de neutralité en son sein en matière de religions et de convictions. Mais, la décision doit répondre au principe de proportionnalité dont le contrôle est confié aux juridictions nationales. En l'espèce, il appartiendra à la Cour de Cassation belge (la plaignante a été déboutée en première instance et en appel) de trouver un juste équilibre entre les intérêts en présence. A savoir, précise t-elle : "... en particulier la taille et le caractère ostentatoire du signe religieux, la nature de l'activité de la travailleuse, et le contexte dans lequel elle doit exercée son activité"

Dans cette affaire, l'avocat général estime que le caractère proportionnel de la mesure (l'interdiction) est rempli car "La procédure devant la Cour n'a en effet pas révélé d'autres solutions qui seraient moins contraignantes mais néanmoins appropriées."

En guise de conclusion, il faut citer in extenso le dernier paragraphe de ce communiqué de presse qui explique bien le fondement de nos sociétés démocratiques. 

" Alors qu'un travailleur ne peut pas "laisser au vestiaire" son sexe, sa couleur de peau, son origine ethnique, son orientation sexuelle, son âge, ni son handicap dès qu'il pénètre dans les locaux de son employeur, on peut en revanche attendre de lui une certaine retenue pour ce qui concerne l'exercice du culte au travail, que ce soit en matière de pratiques religieuses, de comportements motivés par la religion ou, comme en l'espèce, de tenue vestimentaire. L'étendue de la retenue qui peut être attendue d'un travailleur dépend de l'examen global de tous les éléments pertinents du cas de l'espèce". 

Précisons, qu'en droit, la Cour de Justice de l'Union n'est pas tenue de suivre l'avis rendu par l'avocat général. Dans quelques mois, nous saurons quel est le droit positif européen en la matière. 

Notes 


(1) Le communiqué de presse de la CJUE : http://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2016-05/cp160054fr.pdf



(2) Le recours préjudiciel : http://publications.europa.eu/fr/publication-detail/-/publication/7cb1a301-18bd-11e5-a342-01aa75ed71a1/language-fr

lundi 23 mai 2016

ETABLIR UN RECIT COMMUN DE L'EUROPE. LA DERNIER PIERRE DE L'EDIFICE

Sous l’égide de la présidence de la Commission Européenne et en partenariat avec la Maison de l’Europe, la Fédération des Universités catholiques en Europe, la Chaire de recherche en études parlementaires de l’Université du Luxembourg, l’Institut d’études européennes de l’Université catholique de Louvain, the European Cultural Foundation, le Comité de l’Europe pour les Etudes et Informations Parlementaire, le Collège des Bernardins organise les 20-21 mai 2016 un colloque dont l'objectif consiste à proposer un nouveau récit pour l’Europe qui soit centré sur l’histoire de la conscience européenne, qui puisse croiser les regards d’historiens appartenant à différentes traditions nationales, politiques et historiographiques, et qui soit largement accessible et commenté par les Européens. 

http://www.collegedesbernardins.fr/fr/evenements-culture/colloques/un-nouveau-recit-pour-l-europe-histoire-europeenne-de-l-europe.html 

1. Un projet ambitieux, voué à l'échec. 

1.1. Ambitieux.

Comment rédiger nouveau récit pour l'Europe ?

Dans la passé, la France et l'Allemagne ont travaillé à un manuel d'histoire franco-allemand. 


À l’occasion de la tenue du Parlement des jeunes, les 500 lycéens français et allemands réunis par l’OFAJ à Berlin le 21 janvier 2003 dans le cadre de la commémoration du 40ème anniversaire du traité de l’Élysée avaient proposé la création d’un « manuel d’histoire ayant les mêmes contenus pour les deux pays afin de réduire les préjugés causés par la méconnaissance mutuelle ».

Des professeurs d’histoire des deux pays ont travaillé ensemble pour proposer une « histoire croisée ».
-  Le 1er volume, portant sur l’après 1945 et destiné aux classes terminales, a été publié à l’été 2006.
-  Le 2ème volume, destiné aux classes de 1ère et portant sur la période 1815-1945, a été publié au printemps 2008.
-  Le 3ème volume, destiné aux classes de 2nde, portant sur la période allant de l’Antiquité au début du 19ème siècle, est paru le 23 juin 2011 dans sa version française.

Consulter le manuel : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782091820316 

Ce manuel n'a pas rencontré le succès commercial espéré comme l'explique l'auteur de cet article du Monde, le dernier tome n'étant tiré qu'à 7000 exemplaires. Mais, la principale critique c'est le caractère superficiel et politique de l'ouvrage qui gomme les aspects les plus saillants des épisodes historiques pour en retenir ce qui fait l'objet d'un vaste consensus. 

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/05/23/malheureux-manuel-franco-allemand_1526162_3214.html

Comment écrire un récit de l'Europe à 28 pays ?  Déjà, lors de ce colloque les historiens sont issus de 17 pays seulement. Le risque est de s'en tenir à des généralités civilisationnelles ou prendre comme commun l'américanisation des modes de vie etc. 

Comment s'entendre sur ce nouveau récit quand les 28 ne sont pas d'accord entre eux pour partager un effort de défense, mettre une place une politique migratoire cohérente ou encore  définir un salaire minimum commun ou une retraite européenne facile à établir et que seulement 19 d'entre eux ont l'Euro en commun ? 

On touche à l'essence de la construction européenne : le partage de souveraineté. Quel degré et nature de compétences sont transférées au niveau de l'UE et quelles sont celles qui font l'objet d'une coopération bi ou multinationale à l'ancienne, ce dont rêve les souverainiste ?

L'Union européenne est d'abord une construction politique qui a bénéficié de pères fondateurs hors-normes, mais qui en ce début de 21ème siècle est dirigée par des hommes politiques nationaux qui n'ont pas vraiment la fibre européenne.  

2. Voué à l'échec. 

Naturellement, il résultera de ces travaux la publication d'un ouvrage qui reprendra ces contributions d'historiens, philosophes, religieux etc qui pourra constituer un état des lieux ou un embryon de base de travail. 

Ce que demande les Européens ce n'est pas un nouveau récit sur l'Europe, car c'est construire le toit avant les fondations. Ce que réclament les plus de 500 millions d'habitants de l'UE, c'est une Europe qui fonctionne, crée des emplois, éradique le chômage de masse et lutte efficacement contre la pauvreté et la misère pour certains. Elle demande des actes suivis des résultats tangibles pour chacun dans sa vie quotidienne, loin du nième discours sur cet objet politique non identifié qu'est la construction européenne. 

Mais, la Commission européenne, dans sa logique fédérale rêve d'unifier le territoire des 28 par le biais des politiques communes, d'une harmonisation des politiques dans les domaines régaliens (police, justice, monnaie et affaires étrangères) et dernière étape une travail sur l'identité européenne dans l'histoire. Mais, en réalité, l'Europe est par nature cosmopolite, malgré ces périodes de repli identitaire des Etats qui pratiquent la fermeture des frontières si elle veut être fidèle à son message universaliste des droits de l'Homme. 

En un mot comme en cent, lorsque l'UE aura su se faire aimer et sera devenue populaire, au delà d'un vague sentiment européen vécu comme une nécessité face aux empires contemporains (Etats-Unis, Inde, Chine, Russie), alors ce jour-là, "l'affectio societatis" pour l'UE permettra de mettre au point un récit sur l'Europe qui convienne à chacun car chacun se retrouvera dans l'UE qui apportera plus de satisfactions que de désagréments.






lundi 21 mars 2016

MIS EN CAUSE DANS 3 AFFAIRES DE PEDOPHILIE POUR NON-DENONCIATION, LE CARDINAL PHILIPPE BARBARIN DOIT DEMISSIONNER


Selon un sondage "Le Parisien" du 19 mars 2016 , ils sont 63 % des sondés à estimer que Monseigneur Barbarin, Archevêque de Lyon, visé par trois plaintes pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, devrait démissionner en attendant que justice soit rendue. Les catholiques pratiquants — 10 % de l'échantillon — pensent, eux, majoritairement l’inverse mais demeurent tout de même près de quatre sur dix (38 %) à suggérer une mise en retrait. 

La pétition intitulée " Démission immédiate du Cardinal Barbarin", le 20 mars 2016 à 21 heures avait réuni 73509 signatures (1). 

Ne dit-on pas vox populi, vox Dei ? 

1. Les 3 affaires.

1.1. L'affaire Bernard Peyrat.


Bernard Preynat, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire le 27 janvier 2016  pour des agressions sexuelles sur des scouts lyonnais entre 1986 et 1991. C'est en marge de ce dossier que le cardinal Barbarin est visé par une enquête préliminaire pour non-dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans.
Philippe Barbarin, qui n'était pas encore en fonction à cette époque, a assuré que le père Preynat, qui avait avoué, a été "sanctionné immédiatement". Le prêtre avait été déplacé dans un couvent des Petites Sœurs des Pauvres avant d'être chargé de l'organisation du catéchisme à Neulise, dans la Loire.
Pour expliquer qu'il ait été maintenu dans ses fonctions, le Primat des Gaules a dit avoir eu "confiance" en Bernard Preynat, qui a assuré "n'avoir jamais recommencé" après 1991.
2. L'affaire Billioud
Celui qui se fait appeler "Pierre" occupe un poste de premier plan au ministère de l'Intérieur et affirme à l'âge de  16 ans avoir été abusé par le père Jérôme Billioud, de l'ensemble paroissial La Croix Rousse. Le prêtre est notamment connu pour avoir célébré une messe le 21 janvier 2011 pour la mort de Louis XVI avec l'Action française. "Pierre" soutient, dans une interview au Figaro que le cardinal Barbarin «n'a rien fait pour éloigner ce prêtre des autres enfant». Sa plainte, déposée en 2009, a été classée pour cause de prescription. Le 12 février 2016, il a contacté le procureur de la République de Lyon. Deux jours plus tard, il lui a envoyé une lettre. Pierre doit être réentendu prochainement par la justice. À Lyon, une enquête préliminaire est ouverte pour «non-dénonciation de crime » et «mise en danger de la vie d'autrui ».
3. La promotion d'un prêtre pédophile.

A Rodez, en Aveyron, plusieurs étudiants d’un foyer accusent un curé de 55 ans de leur avoir fait des caresses déplacées. Jugé au tribunal correctionnel de Rodez en 2007 pour agressions sexuelles, ce prêtre est reconnu coupable et condamné à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans.
Deux ans après l’affaire, le voilà de nouveau en mission dans le diocèse de Lyon. D’abord vicaire dans le Rhône avant d’être nommé prêtre, il est enfin promu doyen d’un ensemble de paroisses, en 2013. Selon l’entourage du cardinal, contacté par Le Parisien, le passé judiciaire de ce curé n’était pas un secret. "Il ne devait pas être en internat mais le juge d'application des peines n'a émis aucun avis négatif par rapport à un ministère paroissial", ajoute-t-on encore. .

Rien, sur le plan légal, n'interdit effectivement au prêtre de diriger une paroisse. En 2013, il a été promu doyen, en charge de plusieurs paroisses par le cardinal Philippe Barbarin.. La nomination en tant que doyen nécessite l'instruction d'un dossier et, selon le droit canon, le «jugement prudent» de l'évêque qui le choisit. Actuellement, ce père participe à des chroniques sur une radio chrétienne. Récemment, il répondait à la question : «Qu'est ce que le péché?» 

2. Les explications confuses de Mgr Barabarin.

Dans la première affaire, Mgr Barbarin a rappelé que la décision de remettre ce prêtre en service en 1991, après une suspension de six mois (suivant une dénonciation interne des parents d'enfants victimes), avait été prise par son «prédécesseur, le cardinal Decourtray», précisant que «jamais on n'aurait pris une telle décision aujourd'hui.»
Philippe Barbarin prend ses fonctions en 2002. Il est mis en garde indirectement du comportement du père Preynat en 2007. Après une entrevue avec le prêtre, qui reconnaît ses actes, et assure qu'il n'a rien commis depuis 1991, le cardinal décide de le maintenir à son poste.
Dans un interview au quotidien La Croix le 10 février 2016, il se justifie de la manière suivante : " Avec le P. Preynat, la situation est bien différente, car il s’agissait de faits anciens pour lesquels il n’y avait jamais eu de plainte, ni aucun indice de récidive. Ma seule préoccupation est qu’aucun mal ne soit plus jamais commis." (2)
Dans la deuxième affaire, lors d'un entretien entre Pierre et le Cardinal Barbarin, il a admis qu'il était parfaitement au courant, notamment, avec une condamnation, au début des années 2000, d'un mois de prison avec sursis pour fait exhibitionnisme et que ce prêtre avait déjà eu maille à partir avec la justice et qu'il reconnaissait les faits. Le cardinal a demandé pardon à "Pierre" au nom du prêtre. 
Dans la troisième affaire, le porte-parole des Evêques de France, Mgr Ribadeau Dumas a démenti que le prêtre condamné à Rodez ait été "promu". "Il n'est pas promu (...), il a aujourd'hui des responsabilités de formation dans le diocèse de Lyon, (...) non pas en contact avec des jeunes, ce sur quoi le diocèse de Lyon a toujours veillé". Le prêtre "a été nommé dans le diocèse de Lyon" afin de "protéger les victimes, rétablir le calme dans le lieu où il se trouve", a expliqué Mgr Ribadeau Dumas. "Il a continué à suivre les recommandations et les décisions du juge d'application des peines. Le diocèse de Lyon a même été au-delà des recommandations du juge, notamment en ce qui concerne le logement de ce prêtre puisqu'il n'a pas été logé en paroisse, mais (...) dans une communauté de religieux pour avoir un encadrement plus sûr" (3).
3. Le cardinal Barbarin invité à prendre ses responsabilités par le Premier Ministre. 
Invité sur RMC le 15 mars 2016, le Chef du Gouvernement, Manuel Valls, a déclaré : «Le seul message que je peux faire passer, sans prendre sa place, sans me substituer à l'Église de France, sans prendre la place des juges, car une enquête est aujourd'hui ouverte, c'est de prendre ses responsabilités. C'est à lui de prendre ses responsabilités, de parler, et d'agir», a affirmé le locataire de Matignon. «J'attends non seulement des mots mais aussi des actes», avait-il indiqué un peu plus tôt. «Qu'il prenne ses responsabilités! Je respecte la présomption d'innocence. Je ne suis pas juge, je suis chef du gouvernement, je fais attention à tous les mots que je veux prononcer, mais un homme d'Eglise, cardinal, primat des Gaules, qui a une influence morale, intellectuelle, qui exerce une responsabilité majeure dans notre société, doit comprendre la douleur», a insisté le premier ministre (4). 

4. Les fautes du Cardinal Barbarin.

Les fautes du Cardinal Barbarin sont des fautes morales. Dès lors qu'il existait le moindre doute sur la probité d'un prête impliqué directement ou indirectement dans une affaire de pédophilie, la sanction doit être immédiatement prise : faire démissionner cet ecclésiastique qui ne doit plus appartenir à l'Eglise d'aucune manière.

Or,dans les différentes affaires, le Cardinal a adopté des positions à géométrie variables qui ont conduit à maintenir en fonction des prêtres en prenant les élémentaires mesures pour les éloigner définitivement des enfants comme plus haut. Il les a maintenu en fonction et peu importe que Mgr Barbarin ait demandé pardon au nom de l'Eglise, peu importe qu'il s'en soit remis à la parole du prête lui affirmant ne pas avoir récidivé.

Alain Duhamel résume parfaitement les errements du Cardinal.


Le corporatisme d'une partie de l'Eglise catholique conservatrice venue défendre Mgr Barbarin, qu'il s'agisse de Christine Boutin, de Denis Tillinac, de l'avocat André Soulier, des médias catholiques comme Radio-Notre Dame etc.. ne changeront rien au fait que le Primat des Gaules s'est déshonoré en ne comprenant pas la gravité des ses actes et en ne mettant pas en oeuvre iimmédiatement les injections du Pape François qui a déclaré  : « Un évêque qui change un prêtre de paroisse quand on détecte qu’il est pédophile est un inconscient, et le mieux qu’il puisse faire c’est de présenter sa démission. C’est clair ? (…) (5) .

Rappelons que la lutte anti-pédophilie de l'Église a été marquée par plusieurs jalons : en 2011, le Vatican a demandé à toutes les conférences épiscopales de collaborer avec les justices civiles et d'élaborer des normes contre les prêtres coupables ou soupçonnés ; en 2013, le Saint-Siège a durci sa législation pénale, mettant fin à l'impunité de ses prélats ; en 2014, une commission pontificale pour la protection des mineurs est créée, formée de 17 experts dont d'anciennes victimes.

En conclusion, il est à prévoir que le Cardinal Philippe Barbarin aura bien des choses à raconter à son confesseur ... 

Notes
(1)  https://www.change.org/p/pape-francois-d%C3%A9mission-imm%C3%A9diate-du-cardinal-barbarin
(2) http://www.la-croix.com/Religion/France/Le-cardinal-Barbarin-Ma-seule-preoccupation-aucun-soit-plus-commis-2016-02-10-1200739062
(3) http://actu.orange.fr/france/le-cardinal-barbarin-a-t-il-promu-un-pretre-condamne-pour-agressions-sexuelles-afp-s_CNT000000lq4mw.html
(4) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/03/15/01016-20160315ARTFIG00100-pedophilie-manuel-valls-demande-a-barbarin-de-prendre-ses-responsabilites.php

(5) Déclaration du Pape François le 18 février 2016, dans l'avion papal dans le cadre de son voyage de 8 jours au Mexique : http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/trump-avortement-pedophilie-le-pape-francois-sans-langue-de-bois-19-02-2016-70816_16.php