dimanche 22 janvier 2017

LES PROPOSITIONS POLITIQUES PAS TRES CATHOLIQUES DE FRANCOIS FILLON, CANDIDAT DE LA DROITE ET DU CENTRE LORS DE LA PRESIDENTIELLE DE 2017

François Fillon, le 27 Novembre 2016, a été élu candidat de la Droite et du Centre avec 66,5% des suffrages exprimés face à son rival, le Maire de Bordeaux, Alain Juppé. Une brève poignée de mains entre les deux candidats a clôturé ce second tour.  

Alain Juppé et François Fillon se sont retrouvés pour une brève poignée de main.
Crédits Photo AFP Photos François Guillot

La victoire éclatante de François Fillon, lui donne les coudées larges pour appliquer son programme qu'il veut radical, même s'il doit être amendé sur certains points au vu des réactions qu'il a suscité notamment chez ses alliés centristes comme l'UDI présidée par Jean-Christophe Lagarde, qui était l'invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1 ce dimanche 21 janvier (http://www.europe1.fr/politique/direct-video-jean-christophe-lagarde-est-linvite-du-grand-rendez-vous-2954890). 

1. Des propositions qui émanent d'un candidat "Chrétien"

Le programme de l'ancien Premier Ministre de Nicolas Sarkozy est très complet se décline en 27 thèmes plus le cadrage financier (https://www.fillon2017.fr/participez/) ou peut se résumer en 15 mesures phares (https://www.fillon2017.fr/participez/15-mesures/) ou en 50 mots (http://fr.calameo.com/read/00491588244d1ca56f494). Au choix. 

A plusieurs reprises, François Fillon a affirmé qu'il était Chrétien en ces termes  : «Ma vie spirituelle reste marquée par le message du Christ, mais ma pratique religieuse est assez libre, trop peut-être aux yeux de ceux qui ont la nostalgie d'un ordre ancien où le culte dictait sa loi aux conduites de chaque jour.». Dans une interview accordée à l'hebdomadaire La Vie en avril 2012 - donc loin de la présidentielle à venir -, il témoignait sur le même ton: «Je suis catholique, tout le monde le sait, même si, parfois, on exagère cette identité."
Le 5 janvier 2017, interviewé au Journal de  20 heures de TF1, il déclarait "Je suis chrétien. Ça veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, de la personne humaine." 

Pour la première fois, en France, sous la Vème République, un homme politique établit un lien entre sa foi catholique et son action politique. 

Alors prenons-le au mot et vérifions cette adéquation annoncée pour le futur, mais qui en réalité vaut pour l'ensemble de sa vie politique. 

2. Des positions politiques antichrétiennes. 

1 La  loi Simone Veil de 1975 sur le droit à l'avortement.

Sur ce point, pressé d'éclaircir sa position par son concurrent Alain Juppé, F. Fillon a varié a plusieurs reprises. Présentée comme un "droit fondamental" dans son livre "Faire", il a corrigé ses propos lors d'un meeting à Aubergenville (Yvelines) le 22 juin 2016 «Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que c'est un droit sur lequel personne ne reviendra. Philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l'avortement», a-t-il expliqué, comme le rappelle l'AFP. Un argumentaire qu'il a repris le 27 octobre, sur le plateau de «L'Émission politique» de France 2. «Jamais personne, et certainement pas moi, ne reviendra sur l'avortement. Je n'ai pas à m'expliquer sur mes convictions religieuses. Je suis capable de faire une différence entre ces convictions et l'intérêt général. Je considère que l'intérêt général, ce n'est pas de rouvrir ce débat." 

Et d'affirmer que malgré sa conviction catholique défendant le droit à la vie, il aurait voté tous les modifications apportées à la loi de 1975. Et de s'offusquer : " En tant que responsable public depuis trente ans, est-ce qu'une seule fois vous avez entendu François Fillon revenir sur l'IVG ? Es-ce que je n'ai pas voté tous les textes qui ont permis l'accès aux femmes à l'interruption volontaire de grossesse ? Evidemment, je ne toucherai à rien dans ce domaine." 

L'examen attentif des votes de François Fillon, montre que très majoritairement il s'est opposé aux textes qui constituaient une avancée en ce qui concerne l'exercice de ce droit comme le montre l'article du quotidien "Le Monde".  http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/12/02/avortement-non-francois-fillon-n-a-pas-vote-toutes-les-lois-qui-ont-permis-l-acces-a-l-ivg_5041905_4355770.html

On comprend mieux dans ces circonstances, le soutient apporté par le lobby catholique "Sens Commun" dort de ses 9000 adhérents et 30000 sympathisants même si l'IVG n'a pas été à l'ordre du jour de la négociation :  http://www.lepoint.fr/presidentielle/sens-commun-et-francois-fillon-un-mariage-de-raison-24-11-2016-2085448_3121.php 

Il en résulte donc deux attitudes qui ne figurent pas dans les Evangiles. 1. François Fillon a menti et a il a choisi de privilégier sa conviction religieuse sur la loi laïque de la République française sur la question de l'avortement. 

2. La remise en cause de la filiation des enfants des couples homosexuels. 

François Fillon ne remet pas en cause le mariage homosexuel adopté par la loi Taubira de 2013, mais ses conséquences en terme de filiation. Rappelons que l'on distingue l'adoption simple qui ne rompt pas le lien avec la famille d'origine de l'adopté et l'adoption plénière, où l'enfant acquiert une nouvelle filiation qui supprime et remplace l'ancienne. Il veut réserver l'adoption simple aux parents de couples homosexuels au motif que l'enfant a le droit de connaître sa filiation et qu'il est nécessairement né de l'union d'un homme et d'une femme. Ce faisant il introduit une distinction entre les couples hétérosexuels qui adoptent un enfant dans le cadre de l'adoption plénière et les enfants de couples homosexuels traités différemment. Cette différence de traitement risque d'être censurée par la Conseil Constitutionnel.  

Cette évolution remet en cause l'évolution du droit de la filiation depuis les années 1970, lorsque le législateur a fini par aligner le statut des enfants illégitimes (nés hors mariage) sur ceux des enfants légitimes en leur accordant les mêmes droits. Pourquoi, les enfants aurait-ils à être discriminés en raison des supposées fautes de leurs parents ? 

En pratique, la proposition de F. Fillon demeure symbolique car le nombre d'enfants à adopter est de plus en plus en faible et la plupart des Etats ayant une conception traditionnelle de la famille inspirée par la religion chrétienne ne confie pas leurs enfants à des couples homosexuels. Il reste l'adoption lorsque l'enfant est déjà au sein de la famille et dans ce cas il s'agit le plus souvent d'une adoption simple. 

Tout cela pour cela ?. Dans ce cas, la foi catholique de F. Fillon donnerait un avantage aux enfants issus d'un papa et d'une maman comme on dit  à la Manif pour tous, qui n'a pas lieu d'être aux antipodes de la loi Taubira qui affirme l'égalité de traitement. 

En savoir plus : http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/24/la-proposition-bancale-de-fillon-sur-les-adoptions-par-les-couples-homosexuels_5037536_4355770.html

3. La santé. 

Lors du débat du second tour de la primaire, F Fillon a distingué les affections graves et de longues durée (Diabète, cancer, maladies rares) seraient remboursées intégralement par la Sécurité Sociale et que "Le petit risque" impliquerait de faire appel aux Mutuelles. Or, on sait que le coût des mutuelles ne cesse d'augmenter pour un remboursement qui diminue régulièrement. Dans ces conditions, certains ont pensé devoir renoncer à leurs soins en cas d'affection peu graves et mal remboursées. Or, la clientèle de F.Fillon est constituée en grande partie des retraités qui ne veulent pas voir leur accès au système de soins remis en cause, car c'est considéré, à tort ou à raison, comme un acquis social. 

Cette affirmation a suscité de nombreuses inquiétudes ce qui a conduit les proches de F.Fillon a corriger le tir comme le montre cette vidéo. 

http://www.dailymotion.com/video/x554xfq_securite-sociale-francois-fillon-cree-la-polemique_news

Es-ce chrétien de choisir les malades qui seront bien remboursés et les autres moins bien ou pas du tout ? Un début de Mea Culpa ? 

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4. "La France souveraine" dans l'UE "respectueuse des Nations" 

Avec F. Fillon l'UE de Jacques Delors est bien morte au profit de celle de Philippe Seguin (1943-2010), son mentor en politique. 

Il déclare dans son programme : " Je suis ainsi pour une Europe des nations, une Europe qui, dans la lignée de celle voulue par le Général de Gaulle, soit garante de notre souveraineté. Mais je défends aussi l’urgence d’une France souveraine au sein d’une Europe qui partage des valeurs communes et un objectif commun : celui de notre souveraineté vis-à-vis de nos autres partenaires. Pour cela, l’Europe devra concentrer son action sur quelques domaines bien définis et laisser la liberté aux Etats nations de se gouverner comme ils l’entendent sur une majorité de sujets, en respect du principe de subsidiarité." Il s'agit de redonner des compétences aux Etats et d'affirmer les choix de la France même s'ils sont en contradiction avec l'UE ou son ordre juridique. 
"Je propose donc pour relancer l’Europe de se concentrer sur trois priorités stratégiques que l’on peut déterminer dès maintenant et mettre en œuvre sans avoir besoin d’un nouveau Traité :
– La sécurité des citoyens avec des frontières efficaces, une immigration maîtrisée et une défense autonome.
– La souveraineté économique et financière en faisant de l’Euro une monnaie de réserve.
– L’investissement, l’innovation et la recherche au service de grands projets européens et d’une une société de la connaissance." 
Sur le premier point, on est bien loin de l'exhortation du Pape François incitant les pays européens à adopter une politique généreuse à l'égard des migrants qui fuient leurs pays pour des raisons de guerre, famine ou changement climatique. Lui qui s'était rendu sur l'île de Lampedusa où s'échouent les embarcations de fortune des migrants affamés et dépenaillés par solidarité avec ces malheureux dont le Vatican assura l'asile à quelques uns.
 François Fillon veut mettre en place une politique de quotas sur le modèle du Canada, qui profitera aux migrants déjà formés quand, comme l'Allemagne, il faudrait former les immigrés peu ou pas qualifiés pour les insérer par le travail dans la société et transformer l'interdiction de travailler durant la période d'examen du dossier des demandeurs d'asile qui est longue et aléatoire quant à son résultat au vu de la politique de l'OFPRA qui est très restrictive. 
Quant à faire l'Euro une monnaie de réserve, il faut doper les performances économiques de la zone Euro ou en parler à Donald Trump dont la politique conduit à une hausse du Dollar et à une baisse de l'Euro dont le cours est proche de la parité  1 pour  1. Il conviendrait déjà de doter la zone euro d'un gouvernement économique et de parvenir à une meilleure coordination des politiques fiscales et économiques et remettre en cause la politique de dumping et l'existence des paradis fiscaux. 
Conclusion 
On ne sait pas si François Fillon au moment du Jugement dernier, ira au Paradis ou au Purgatoire, mais d'ores et déjà, il aura quelques pêchés véniels ou pas à confesser à son confesseur attitré. Il n'est pas certain qu'en mai prochain, le Peuple français lui donne l'absolution, Lui ... 
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lundi 2 janvier 2017

LE REFUS DES IDEOLOGIES MORTIFERES OU SE SOUVENIR DE BAGDAD

1. La guerre d'Irak (2003-2011) : quand l'idéologie prend le pouvoir et provoque un désastre sans nom. 

En mars 2003, le Président des Etats-Unis George Walter Bush a déclenché une guerre contre l'Irak, sans l'aval de l'ONU, en affirmant de façon mensongère que ce pays possédait des armes de destruction massive en violation des règles internationales alors que l'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) n'avait trouvé aucune preuve déterminante lors de ses inspections répétées les mois précédents. Le pays était dirigé d'une main de fer par Saddam Hussein qui régentait son pays et malgré tout était le ciment du pays assurant même la protection des minorités en terre d'Islam, comme les Chrétiens. 


Près de 14 ans après, on mesure combien la vision simpliste du Président entre les Bons et les Méchants a détruit l'unité de ce pays héritier de la grande civilisation de la Mésopotamie. Appliquant les règles du Far West en vigueur au Texas à l'Irak, il s'agissait après l'entrée en guerre de publier un avis de recherche de Saddam Hussein contre rançon, de le faire arrêter, de le faire juger et condamner à mort pour les crimes commis, notamment, le "génocide kurde" en 1988 fomenté par son cousin Ali Hassan al-Majid, surnommé «Ali le Chimique», responsable de l'extermination de près de 200 000 Kurdes en pendant l'opération «al Anfal» (butin de guerre), ainsi nommée d'après une sourate du Coran (1) ce qui sera fait le 30 décembre 2006, par pendaison, dans la base militaire de Kadhimiya; dans la banlieue nord de Bagdad à 6 heures et 5 minutes. 

Les Etats-Unis s'étaient imaginés apporter la Démocratie politique à l'Irak pour ne pas écrire la civilisation à un pays considéré comme arriéré. En raison des divisions religieuses entre Chiites et Sunnites, il en résultat un chaos et la multiplication des attentats surtout que les EU ne trouvèrent rien de mieux que démanteler la police et l'armée irakienne pour y substituer la force d'occupation américaine. En 2007, la guerre civile est terminée et elle a provoquée le départ de 2,4 millions d'Irakiens (2). Le 18 décembre 2011, le dernier soldat américain quitte le sol irakien conformément à l'engagement du Président Obama en arrivant au pouvoir en 2008. Bilan, un coût de l'opération de 600 milliards de dollars et prés de 500.000 personnes y ont laissé la vie, les soldats de la coalition seraient responsables de 30% des morts et les milices irakiennes d'autant soit 150.000 morts dans chaque camp (3). 

La suite on la connaît, le printemps arable qui se traduit en Syrie par des habitants qui réclament la démocratie et qui sont combattus sans pitié par le Chef de l'Etat, Bachar El Assad et en 2013 au moment où il utilise les armes chimiques contre son peuple et que la France souhaite intervenir militairement avec le soutien de l'ONU, les Etats-Unis s'y opposent. En juin 2014 2014, l'Etat Islamique est proclamé qui s'étend en Irak et en Syrie. (4).  

Personnellement, je ne verrai aucun obstacle à ce que l'ancien Président américain (2000-2008) soit attrait devant la Cour Pénal Internationale de la Haye, le rapport Chilcot en Grande-Bretagne et le rapport Feinstein aux Etats-Unis soulignant de nouveau les crimes commis en Irak ou en Afghanistan au cours d’interventions militaires discutables dans leurs fondements ou dans leurs déroulements (5). Personne n'a oublié le sort des prisonnier en tenue orange dans le camp de Guantanamo et l'usage de la torture, notamment dans la sinistre prison d'Abou Ghraib où un prisonnier est décédé suite à un interrogatoire très particulier, ces pratiques se déroulant en violation des traités et conventions internationales ad hoc que les E.U. ont signés. La CPI qui est devenu experte pour faire juger des Chef d'Etats africains (au point que l'Afrique pourrait se retirer de la CPI) démonterait que ce ne sont pas toujours les vaincus qui sont jugés, mais aussi les vainqueurs et dans le camp occidentale, le première puissance mondiale : les Etats-Unis.

2. Des Chrétiens anéantis et dispersés.  

Combien de vies brisées dans ce conflit qui n'en finit pas et qui fait des Irakiens pour un certains nombre d'entre eux des exilés, prenant le chemin de l'Europe ou des pays voisins et devenant des réfugiés pour un certain nombre d'entre eux ? La statistique ne donne qu'une faible idées des parcours de chacun devant cette épreuve, l'hebdomadaire "La Vie" consacre un numéro spécial intitulé "Le calvaire des Chrétiens d'Irak" dont les articles s'étendent du 20 mars 2015 au 24 novembre 2016 (6). 

Avant l'invasion américaine de 2003, plus d'un million de Chrétiens vivaient en  Irak, dont plus de 600.00 à Bagdad, siège du patriarcat des Chaldéens, 60.000 à Mossoul, mais également dans la ville pétrolière de Kirkouk et dans la cité méridionale de Bassora. Mais en raison des violences meurtrières qui ont secoué le pays depuis 10 ans, ils ne sont aujourd'hui plus de 400.000 sur l'ensemble du territoire (7).   




3. Sur le chemin de l'exil avec Inaam Kachachi en attendant le retour sur la terre natale. 



Dans l'émission Chrétiens d'Orient diffusé sur France-Culture le dimanche 1er janvier 2017 était invitée Inaam Karachi, écrivain, journaliste et correspondante de presse pour les journaux arabes Asharq Al-Awsaf et Kol Al-Usra qui présentait son livre intitulé "Dispersés" publié chez Gallimard, en 2016, interviewée par Sébastien de Courtois. 




Inaam Kachachi: «Dispersés»



Il faut écouter son témoignage avec attention (8) qui traduit une personnalité forte et déterminée à défendre la mémoire des Chrétiens d'Irak en tant que peuple et non comme appartenance confessionnelle. Un roman qu’elle a écrit « pour les Irakiens. C’est leur livre. Il raconte leur vie – leur vie d’avant la barbarie, un monde sans doute irrémédiablement disparu, et dont il faut absolument conserver la trace". Ce travail de mémoire et d'histoire est essentiel pour qu'on n'oublie pas l'Irak d'avant 2003, avant l'éclatement du pays et la dispersion de ses habitants. 

La lauréate 2016 du prix littérature arabe décernée par l'IMA (Institut du Monde Arabe) présidé par Jack Lang évoque dans son livre le parcours intime des ses héroïnes et des ses héros du quotidien pour restituer le plus fidèlement possible les scènes de vie qu'elle a vécu et qu'elle romance avec justesse pour dresser des portraits attachants qui marquent nos esprits occidentaux quand les besoins essentiels ne sont pas assurés (eau, électricité, nourriture, transports etc) habitués que nous sommes avec un certain niveau de confort. 



Imaan Karachi lors de sa remise de prix à l'IMA, le 2 novembre 2016. A droite de la photo, Pierre Leroy, le Président du Jury et Jack Lang, le Président de l'IMA. . 

Etablie à Paris, la romancière raconte l'histoire de plusieurs générations de femmes à compter des années 1950 en Irak qui ont pour point commun d'être des femmes médecins (9). En fait , un reportage sur ces dernières décennies en Irak de façon à retracer l'Irak de la paix des années 50 à la guerre du Golfe (1990-1991) suite à la décision de Saddam Hussein d'envahir le petit Koweit, puis l'embargo décidé par l'ONU dans le cadre de l'opération "pétrole contre nourriture" et à compter de 2003 on connaît la suite. Une population irakienne sacrifiée à cause de la folie de deux hommes : Saddam Hussein et George Walter Bush.  Au delà  de l'exil des Chrétiens, l'auteur rappelle qu'il s'agit de l'exil de l'Irak lui-même sorti de l'histoire, vassalisé, où les murs communautaires et les haines religieuses ont été exacerbées par les EU en s'appuyant sur les uns pour mieux défaire les autres.  La gouvernance est devenue communautaire au moment de l'occupation des EU. Comment sortir de ces rancoeurs communautaires ?

La prise de Mossoul prochainement sans doute par l'armée irakienne composite conduira à faire reculer l'Etat Islamique de cette ville stratégique, mais l'après guerre et la gouvernance qui en naîtra sera déterminante pour l'avenir de l'Irak. Soit Sunnites et Chiites s'uniront pour le bien de l'Irak, soit les Irakiens se déchireront selon ce clivage religieux. C'est l'enjeu de l'Irak de demain, devenir un pays uni autour d'un projet politique pour l'Irak lui-même rassemblé convaincu que ces divisions héritées d'une idéologie américaines sont mortifères et loin de la vie d'un pays paisible qui envisage son avenir avec confiance. 

Sans doute,  dans un HLM de Vigneux-sur-Seine, ses voisins ne se doutent pas que dans la lucarne éclairée vit une femme de 80 ans qui a du quitter l'Irak pour rejoindre sa nièce en France quand dans son pays cette femme gynécologue au service des enfants à naître et de leurs mères était considérée, reconnue et avait su faire sa place comme chrétienne dans un pays musulman. Devenue une simple réfugiée, dont Imaan Karachi affirme que "C'est la honte" dans son entretien à France-Culture. Et si c'était les futures générations qui vont relever la tête?

La lumière s'éteint à la fenêtre de ce HLM et peut-être que ses enfants et petits-enfants pourront un jour revenir dans leur pays pacifié dont leur grand-mère leur parle sans arrêt pour ne pas oublier qu'ils sont Irakiens. "Sur le chemin de retour" reste à écrire après "Les Dispersés".  

Ce jour-là, l'auteur de "Si je t'oublie, Bagdad" pourra dire qu'elle a été fidèle à son serment et que sur les traces d'Aladin, l'Irak sera redevenu le grand pays qu'il n'aurai jamais cessé d'être, après avoir frotté la lampe magique, formulé un voeu et détrôné le méchant grand Vizir... Au pays des Mille et une Nuits on n'a pas fini de raconter l'histoire de l'Irak ...



Notes 


(1) Voir l'article de Libération : http://www.liberation.fr/planete/2006/08/22/saddam-hussein-en-proces-pour-le-genocide-kurde_5801
(2) Pour une chronologie détaillée voir l'article du Monde Diplomatique : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/14/liberte-en-irak-retour-sur-le-fiasco-de-l-invasion-americaine_4438289_3218.html
(3) Pour en savoir plus voir l'article du Point  : http://www.lepoint.fr/monde/les-500-000-morts-de-la-guerre-en-irak-18-10-2013-1745327_24.php
(4) Pour une chronologie 2011-2016 voir le commentaire du livre de Michel Goya intitulé "Levant violent" : 
http://pierrebayle.typepad.com/pensees_sur_la_planete/2016/02/levant-violent-une-analyse-militaire.html
(5) 
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/09/george-w-bush-et-tony-blair-devant-la-cour-penale-internationale_4966702_3232.html#17B5Tmmy1rXA66xM.99
(6) http://www.lavie.fr/dossiers/chretiens-irak/
(7) En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/08/06/qui-sont-les-chretiens-d-irak_4467331_4355770.html#KrjvDTHzbotRYZWD.99
(8) https://www.franceculture.fr/emissions/chretiens-dorient/disperses-avec-inaam-kachachi
(9)  http://www.rfi.fr/emission/20160206-kachachi-journaliste-romanciere-disperses